La Bretagne offre une profusion de traits identitaires. La langue bretonne connaît un engouement inattendu. La jeunesse vibre à l'unisson d'un déferlement musical porté par la vague celtique. Jamais la revendication à l'autonomie régionale n'a été aussi forte. Les opérateurs économiques eux-mêmes ne se privent pas d'invoquer l'identité bretonne dans leur stratégie de développement.
Il est vrai que la vieille figure de l'Etat-nation, longtemps vénéré comme symbole de la modernité, affronte une crise de légitimité. Le système de la représentation nationale lui-même est atteint, et l'on voit émerger de nouveaux échelons d'ancrage du pouvoir démocratique : les régions et l'Europe. La plupart des Etats européens se sont dotés de modèles originaux de gouvernement local. L'Union Européenne, de son côté, dessine pour elle-même une souveraineté d'un nouveau type fondée sur le fédéralisme.
Et la Bretagne ? La traduction politique de toutes ces mutations y apparaît encore bien modeste.
Doit-on en conclure qu'au cours des dernières décennies le culturel a pris le pas sur le politique ? Le mouvement breton est-il réduit au rôle de témoin, à défaut d'être acteur des évolutions sociales ? A travers cet essai Michel Nicolas démontre qu'il n'en est rien et que de puissants leviers du changement sont à l'œuvre. Car l'irrésistible attrait de l'Europe offre des chances inédites, et des changements significatifs sont à l'œuvre dans la perspective des consultations régionales et européennes de 2004.
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