«Un jour, sortant d'une salle de cinéma où je venais de voir Gary
Cooper triompher de trois tueurs, je tombai sur cette phrase incroyable,
à la Une d'un magazine : "Gary Cooper est mort." Depuis, j'ai voulu
savoir ce qui se cachait derrière le mot "fin" des films. Je me suis
aperçu que la "dernière scène" de nos héros des salles obscures était
souvent un film en soi où les stars jouaient le rôle de leur vie, face à
un adversaire redoutable : leur destin. Qu'ils n'étaient jamais aussi
grands, aussi beaux, et bien sûr aussi vrais qu'à cette seconde-là, celle
de leur dernière heure, les Cooper, Bogart, Flynn, Gable, Wayne,
Hudson, Holden, Clift, Dean, McQueen, Monroe, Mansfield, Valentino,
Ladd, Wood, Hepburn, etc., face à l'ultime caméra. Et que cette dernière
séquence méritait d'être mise en scène, comme on dirige un film,
avec une centaine de victimes et un seul coupable : Hollywood.
Alors j'ai imaginé une superproduction, qui n'aurait que des fins et
dont les acteurs seraient les plus grandes stars, mon cinéma Paradis à
moi, dont les baisers volés de la dernière bobine seraient des baisers
d'adieu.»
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