Playboy
: Avez-vous eu peur une fois de vos fans ?
Roberto Bolaño : J'ai eu peur des fans de Leopoldo María Panero, qui me paraît, par ailleurs, l'un des trois meilleurs poètes vivants d'Espagne. À Pampelune, pendant un cycle de conférences organisé par Jesús Ferrero, Panero concluait le cycle, et à mesure que s'approchait le jour de sa lecture, la ville ou le quartier où se trouvait notre hôtel se sont peu à peu remplis de freaks qui avaient l'air de s'être évadés de l'asile, des freaks qui, par ailleurs, constituent le meilleur public que n'importe quel poète puisse espérer. Le problème est que certains n'avaient pas simplement l'air de fous, mais aussi d'assassins, et Ferrero et moi avons craint que quelqu'un, à un moment ou à un autre, se lève et dise : j'ai tué Leopoldo María Panero, avant de tirer quatre balles dans la tête du poète et, tant qu'à y être, une à Ferrero et une autre à moi.
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