Chez les Singer, avant ses frères, elle fut la première à prendre la plume et à ouvrir la voie. Soeur du Prix Nobel Isaac Bashevis et du journaliste surdoué Israel Joshua, Esther Hinde raconte, en yiddish, le shtetl et l’exil, la modernité et la tradition, l’inextinguible soif de connaissance et la médiocrité des érudits.
De ce recueil de nouvelles, paru pour la première fois en 1949 et inédit en français, émergent les deux mondes singuliers auxquels Esther Kreitman appartenait : l’East End londonien et les bourgades juives polonaises de son enfance.
On y croise reb Meïrl qui s’en remet à la providence pour prendre une décision dramatique, la volupteuse Madame Tsesho, dont le sac est chargé des fortunes léguées par feu ses trois maris, ou encore la jolie Bella, dont le destin est suspendu à des horloges mystérieuses… Plus poignante sans doute, l’histoire de ce bébé qui relate sa naissance, plein d’espoir, mais se voit rejeter parce qu’il s’agit d’une fille. Écho au sort tragique d’Esther, placée en nourrice par sa mère qui refusa longtemps de la voir.
Observatrice affûtée de son temps, elle dépeint avec une tendre ironie ces personnages chaleureux, drôles et émouvants d’un monde aujourd’hui disparu, les aspirations des immigrants ou des shnorrers, le difficile chemin de l’intégration.
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