Dans les années quarante, on appelait shorts des courts métrages destinés à présenter des morceaux de jazz. Il s'agissait, en quelque sorte, des ancêtres de nos vidéo-clips.
Dans ce livre, constitué par une quarantaine de très brefs récits, Trevisan retrouve les thèmes qui lui sont chers et dont le compte rendu des Quinze mille pas avait pu donner un aperçu au lecteur français : le déracinement, l'horreur de la province italienne, le travail, la déréliction du monde moderne.
La forme musicale des shorts permet à la fois la géométrie précise et sobre et l'improvisation bouleversante. Le monde proposé ici est détruit par le progrès et l'urbanisation sauvage. Des créatures à la dérive l'habitent - clochards, paumés, sans-papiers.
Comme chez Beckett (présent dans un magnifique récit intitulé sobrement « Acteur »), l'humour jaillit du désespoir le plus profond sans garantir d'autre salut que le langage. La poésie des shorts doit beaucoup à l'étrangeté des situations et des figures. Chaque récit est un concentré d'énergie, un cri ravalé, un amorti déchirant - un pas suspendu.
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