Un thème court à travers ce livre et alimente son déroulement, ses méandres : l'opposition entre la bêtise et l'esprit. Une figure lui sert de support, celle de Marcel Duchamp. L'origine de cette aventure conceptuelle se trouve dans l'opposition entre deux formules : le premier énoncé est la désormais fameuse proposition duchampienne, ce verdict asséné à toute l'histoire de la peinture et à toutes les cohortes de peintres qui l'ont précédé : « bête comme un peintre. » La seconde, moins célèbre, est un éloge prononcé par une autre grande figure, André Breton, gratifiant l'inventeur du ready-made du titre « d'homme le plus intelligent de la première moitié du siècle ».
Ce raccourci saisissant pourrait se lire comme une sorte d'allégorie du destin occidental de l'art lui-même et de son éternel oscillation entre les deux pôles antagonistes.
Ce qui est proposé dans cet ouvrage, se présentant sous la forme de courtes dissertations relativement autonomes, c'est une traversée de cette problématique, à travers des figures exemplaires comme celles de l'artiste-philosophe (qui prétend mettre l'art au service de l'esprit), du philosophe-artiste (qui vise à artialiser le discours philosophique), de l'ironiste (qui se sert stratégiquement des pouvoirs de l'intelligence), de l'homme d'esprit (qui fait osciller le langage entre les deux camps), etc. Aux côtés de Marcel Duchamp, une multitudes d'autres acteurs, philosophes (Platon, Schopenhauer, Hegel, Kant, Foucault...), écrivains (Gautier, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Breton, Desnos, Brisset...), et bien entendu artistes (Praxitèle, Raphaël, Clesinger, Manet, Whistler, De Chirico...) sont invités à entrer en scène pour interroger cette séculaire association, aussi tenace qu'arbitraire, entre l'art et la bêtise.
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