Notre face à face avec les bêtes est une partie de cache-cache. Nous nous contentons de les voir disparaître, et faute de mieux, nous les mangeons, en signe de reconnaissance. Chacun de son côté.
Que le lecteur prête bien l'oreille au grincement de ce coup d'archet d'initial. Car si ce recueil de textes sacrifie à l'hommage animalier, c'est entièrement selon ses termes. Il ne faudra donc pas être surpris d'y découvrir ensuite un éloge de la cochonaille et des anchois salés - de découvrir, aussi, que Vincent Wackenheim est fabuliste, et que ses bestioles, c'est nous (pas « de notre côté » du tout).
On découvrira encore, avec moult étonnement, l'immense passion de Jean Paulhan pour les tatous. On goûtera un revival de la chanson de geste en pas moins de trois épisodes, et puis une exhumation consciencieuse des recettes fort frugales du XIXe siècle. On lira l'édifiante idylle de madame Roll et de monsieur Mops ; la très-morale histoire de l'adoption d'une girafe par un ménage parisien ; un satirique récit de week-end entre amis qui dégénère en pugilat de rhinocéros...
Bref : on trouvera, partout dans Bestioles, en la piquante compagnie des dessins de Denis Pouppeville, un régal bien saignant de langue et une intelligence mordante ; un esprit moraliste, vivace, acide, truculent et égrillard, que d'aucuns rattacheront au fameux « génie français » depuis Rabelais et au non moins fameux « génie alsacien » depuis Sébastian Brant.
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