Besançon avant 1914 ? Une ville toute occupée d'horlogerie,
marquée par l'éclatement en petits ateliers propre aux
habitudes de l'establissage : telle est l'image convenue. Il
faut y regarder de plus près. À partir de 1890, croissent en
effet de grands établissements, en horlogerie mais aussi
dans d'autres branches - bonneterie, papeterie, automobile,
soierie artificielle -. Besançon ouvrier, loin d'être seulement
un agglomérat d'unités productives éparpillées, est devenue
une cité mariant petites entreprises et fortes concentrations
industrielles.
Un syndicalisme original s'y développe, capable d'être l'étai,
au tournant du siècle, d'une vigoureuse université populaire.
La Suisse lui fournit nombre de ses pratiques et de ses
militants - ainsi l'horloger monteur de boîtes Adrien
Graizely - ; certains de ses traits évoquent également le
mouvement ouvrier britannique.
D'où ce paradoxe : alors que, nationalement, le syndicalisme
révolutionnaire domine les années de la Belle Époque, il ne
s'impose à Besançon que durant trois ans - mais quelles
années ! -, rapidement submergé par un réformisme étale
qui, par delà les traditions suisses, renvoie à un environnement
socialiste modeste et divisé, éclipsé, voire phagocyté
par un radicalisme aux fortes connotations anticléricales.
«Cette histoire de la fédération ouvrière bisontine est
nourrie par une connaissance approfondie de l'histoire
longue de tout le mouvement ouvrier. C'est ce qui lui donne
à la fois le "piqué" et la "profondeur de champ" qui font les
meilleures images» (Antoine Prost, extrait de la préface).
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.