Devant le cours inédit de Bergson au Collège de France, celui de Deleuze
sur Bergson, ou le dossier issu des colloques de Prague et de Paris sur
«Bergson et la phénoménologie», on peut presque éprouver le sentiment
en partie illusoire, mais irrésistible, celui d'assister à l'histoire de la philosophie
en train de se faire.
Au printemps 1904 tout d'abord, Bergson enseigne donc l'histoire des
théories de la mémoire. Loin d'un simple retour en arrière vers Matière et
mémoire, il s'agit d'un effort sui generis : une critique de la métaphysique
inconsciente des théories de la mémoire, qui annonce l'histoire de la
métaphysique de L'Évolution créatrice, un retour aussi aux textes eux-mêmes,
entraînant une lecture surprenante, unique, d'Aristote ou de
Descartes.
Quant au cours prononcé par Deleuze en 1960 sur le chapitre III de
L'Évolution créatrice, c'est une étape de la lecture commencée dès 1956,
poursuivie par le livre de 1966 (Le bergsonisme, PUF), continuée dans
toute une oeuvre. Il s'agit moins d'une perspective d'un auteur sur un
autre, que de deux mouvements singuliers qui se croisent, se séparent,
s'éclairent l'un l'autre.
Les études «Bergson et la phénoménologie» issues des colloques de
Prague (2002) et Paris (2003) établissent une relation privilégiée, aussi
bien à travers des problèmes communs et des solutions opposées (du mouvement
et de la conscience jusqu'à la vie et la liberté), qu'à travers des rencontres,
de Husserl à Levinas en passant par Scheler ou Ingarden, Sartre
ou Merleau-Ponty. Le tout est complété par deux études sur des lettres
inédites et sur la relation entre Canguilhem et Bergson, ainsi que des
recensions d'ouvrages.
«Bergson, Deleuze, la phénoménologie» : des relations parmi celles qui
ne sont pas «dans» ou «pour» une histoire de la philosophie indépendante
d'elles, mais qui sont et qui font en même temps la philosophie et
son histoire.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.