Beccaria, Voltaire et Napoléon
ou l'étrange humanisme pénal des Lumières (1760-1810)
Perspective ordinaire, quant à l'évolution de notre droit pénal : la législation révolutionnaire se serait prévalue de l'humanisme de Voltaire et de celui de Beccaria, le grand rénovateur de ce secteur du droit ; tout à l'inverse, les codes « criminels » napoléoniens (1808, 1810), par réaction « sécuritaire », auraient misé exclusivement sur la rigueur.
Ce schéma est sujet à caution. Une prise en compte de la vision alors en vogue sur l'être humain relativise sensiblement un tel contraste : de Voltaire lui-même à Napoléon, sans en excepter la Révolution, elle indique surtout une continuité utilitariste, dont le battement des circonstances tout simplement, plus que des sautes dans les principes inspirateurs, relativise l'ondulation. Force est d'y constater que l'idéal d'humanité, quoique omniprésent dans la rhétorique, est dès l'origine et continûment assez illusoire en réalité dans les esprits et dans les faits : s'il faut tout dire, il n'est guère plus que le faux nez d'une intention essentiellement utilitaire.
Notre investigation a donc ses imprévus. L'image convenue de l'esprit des Lumières, de la Révolution, et du positionnement de la phase impériale par rapport à tous deux, pourrait bien s'en trouver, comme à d'autres égards, quelque peu altérée.
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