Katja
Lange-Müller
Bas de casse
« Je ne cessai de boire et de pleurer, parce qu'il faisait de nouveau déjà nuit, parce que la vie n'était qu'une saloperie et que je n'étais pas morte. »
Bas de casse conte la fin d'une petite imprimerie privée dans les années 1970 en RDA, à travers le portrait de ses employés : Manfred, l'imprimeur qui parle aux machines ; Fritz, le roi de la linotype ; Willi, le vieux taciturne ; et la narratrice, pas douée pour le métier, que Fritz surnomme « Puppi, l'éléphante pompette et manchote ».
Les destins de ces quatre personnages se croisent dans ce lieu de travail qui n'a rien d'anodin. C'est un monde qui s'achève, celui de l'imprimerie à l'ancienne, dans un pays qui voit tout ce qui a trait à la chose imprimée d'un oeil méfiant.
Savant mélange d'humour, de tendresse et de mélancolie, ce roman sert magistralement la description d'un métier et d'un milieu disparus. Bas de casse s'attache à des êtres désaxés, laissés-pour-compte, brisés, des marginaux qui ne trouvent pas leur place dans une société grise, morne et sans espoir, celle de l'Allemagne du Mur. Des égarés qui se révoltent discrètement, sourdement, contre leur quotidien. Une révolte bien souvent aussi invisible qu'inutile.
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