Désoeuvré, blasé, Antoine s'ennuie à Paris, lorsqu'on lui
propose de rejoindre une ONG qui intervient au Rwanda pour
secourir une population naufragée par le génocide. Le choc avec
l'Afrique, avec la souffrance, avec la violence, avec la mémoire à
vif d'atrocités inimaginables, est intense. Chargé de convoyer et
de distribuer la nourriture dans divers camps de réfugiés hutus,
que fait Antoine, selon ses propres dires, si ce n'est «enterrer les
morts et nourrir des assassins» ? Il était cynique mondain, il
devient distancié efficace, à l'image des pros du «barnum», ce
cirque humanitaire qui plante ses tentes partout où le malheur
frappe à grande échelle : techniciens, infirmières, logisticiens
d'ONG à la fois «spécialistes» et accros du malheur des autres,
poussés par un mélange d'authentique générosité, de mal-être
profond ou de simple carriérisme. De temps en temps, une
montée d'adrénaline lui rappelle que la vie, et en particulier la
sienne, a un prix, comme quand, sur une piste en pleine nuit, un
gosse drogué lui pose le canon de son kalachnikov sur la tempe...
Et puis les couleurs, les odeurs de l'Afrique sont là pour le griser
quand ni la fréquentation de ses congénères ni celle de ses
assistés ne suffisent à le réconcilier avec lui-même.
C'est un Antoine profondément changé qui rentre à Paris en
fin de mission. Vitrifié à l'intérieur de sa carapace, étranger aux
siens, est-il encore capable de souffrir, d'aimer ? Bientôt, il
accepte une nouvelle mission. Cette fois, ce sera Sarajevo...
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