Ma relation avec Henry Moore était aussi pleine de contradictions que celle que l'on a avec ses parents. Quand nous nous sommes rencontrés, il avait quarante-six ans et j'en avais vingt ; et nous sommes restés en contact de façon intermittente jusqu'à sa mort, à l'âge de quatre-vingt-huit ans. Au cours de ces années, j'ai assuré l'édition et partiellement conçu deux volumes du catalogue raisonné de ses sculptures, organisé à son instigation trois expositions muséales importantes, chacune accompagnée d'un catalogue dont l'un constitue une monographie dont je suis fier et qui lui a fait me dire, alors qu'il approchait de la fin de sa vie, que j'étais l'une des trois personnes dont les écrits sur son travail lui plaisaient le plus. Pourtant, à peine quatre ans après notre première rencontre, j'avais cessé de le considérer comme l'un des artistes majeurs du vingtième siècle, j'étais le plus souvent en désaccord avec ses idées sur l'art, je pensais qu'une bonne partie de son oeuvre avait été mal conçue, essentiellement parce qu'elle avait été suscitée par des flatteries ou de l'argent provenant de sources douteuses - une opinion que j'ai parfois exprimée par écrit - et j'étais extrêmement gêné par sa propension incessante à se comparer à Michel-Ange. En même temps, mon affection pour lui était telle que, quand je lui parlais, quel que soit le sujet, je sentais que j'étais au bord des larmes - et je ne vois aucun autre être humain qui m'a fait cet effet.
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