Il y a plusieurs dizaines de millénaires, l'homme se sépare de l'animal en
enterrant ses congénères et en leur rendant des honneurs funèbres. Il couvre
de fresques admirables les parois de Lascaux et de bien d'autres grottes.
Puis il invente l'agriculture. Il érige menhirs et dolmens, dont les plus
célèbres restent ceux de Carnac. Tout cela se passe avant la naissance des
villes, l'édification des pyramides, l'invention de l'écriture. Autrement dit,
avant l'histoire.
Dans ce même temps, l'homme invente aussi les premières formes de vie
sociale. Comment se mettent en place ces premières sociétés ? Comment
évoluent-elles ? Vaste sujet, à la lisière de l'anthropologie sociale et de
l'archéologie préhistorique, qui met aux prises les thèses les plus opposées.
Alain Testart, ethnologue réputé, notamment pour ses travaux sur les
chasseurs-cueilleurs, s'est donné pour objectif de confronter les interprétations
en présence. Il était on ne peut mieux désigné pour reprendre à neuf
la question de l'évolution des sociétés.
Il en résulte des critiques décapantes sur l'histoire de l'anthropologie
sociale, une réflexion philosophique sur la notion même d'évolution dans
les sciences sociales et des mises au point sur les questions de méthode et
d'interprétation en archéologie. Surtout, jaillissent une série d'hypothèses
nouvelles sur diverses périodes du paléolithique ou du néolithique, qu'il
n'est plus question d'envisager depuis l'Europe et le Proche-Orient seuls,
mais à partir du monde entier, d'où affluent désormais les données en
nombre.
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