Divin & Sacre
Nos sociétés politiques sont construites depuis plusieurs siècles sur le principe de la souveraineté de l'État. Cette invention du juriste français Jean Bodin, élaborée sur le terrain ravagé des guerres entre rois et papes caractéristiques des temps médiévaux, a nourri la pensée occidentale de l'autorité politique jusqu'à nos jours. Elle véhicule avec elle une vision de la division entre politique et religieux qui détermine, encore aujourd'hui, la division que nous estimons la majeure partie du temps évidente entre ces deux sphères. En effet, la souveraineté s'est bâtie comme identité de l'État contre le religieux, dans une guerre de pouvoir entre personnes. Il n'y a pas de souveraineté sans État, ni d'État sans souveraineté.
Le présent ouvrage s'attarde sur les prémices des notions de souveraineté et d'État au Moyen Âge, en essayant de cerner le démarrage véritable pour notre modernité, de la question théologico-politique au sein des concepts de Christ, de corps et d'Église, selon des processus lents et dialectiques dont les interactions ont été brillamment mises au jour par l'historien Ernst Kantorowicz. Il aborde également deux moments de l'émergence de la modernité où la pensée de l'État s'est efforcée de penser le rapport au religieux d'une manière inclusive qui tente de réintégrer le transcendant dans le principe de l'État lui-même, par le biais des pensées de Spinoza et de Montesquieu. Il s'agira ainsi de montrer l'acuité du conflit théologico-politique comme tension créatrice à l'oeuvre dans l'ensemble des relations de pouvoirs encadrées par nos institutions étatiques.
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