Dès ses débuts, la doctrine de l'industrialisme a mobilisé des auteurs de diverses
tendances. Bien sûr, le nom de Saint-Simon y a souvent été étroitement associé,
mais il ne faut pas oublier qu'il ne représente que le versant socialiste ; celui
qui relève du libéralisme a été, quant à lui, pratiquement occulté. Ce livre se
propose de combler cette lacune. Il insiste sur le fait que la première génération
de libéraux français du XIXe siècle (J.-B. Say, B. Constant, J. Droz, etc.) a fourni
des éléments cruciaux qui permettront quelques années plus tard à deux
inséparables amis, Charles Comte et Charles Dunoyer, de définir l'industrialisme
dans une forme plus achevée qui s'oppose radicalement, sous plusieurs aspects,
au saint-simonisme. Preuve que le terme «industrialisme» est extrêmement
polysémique. Le machinisme, la production de la richesse, l'ère des métiers
et de la spécialisation, l'irréductibilité du progrès, la question de la liberté et de
l'individualisme : tels sont, en bref, les principaux thèmes que l'on trouve sous
la plume des industrialistes d'inspiration libérale. Mais chez Comte et Dunoyer,
l'industrialisme apparaît comme une sorte de philosophie de l'histoire dont le but
est d'identifier les étapes sinueuses de l'idée de liberté. Ce faisant, ils partent
d'un constat, voire d'une inquiétude ; la liberté est fragile et n'est jamais, somme
toute, acquise définitivement.
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