La pensée de Sartre a souvent été décriée, sous prétexte qu'elle restait aux prises d'une « pensée de la conscience », avec tous les péchés philosophiques qui en découlent. Après tout, ne fallait-il pas abandonner cette idée périmée de conscience au profit d'une réflexion plus ancrée à la problématique du corps, du langage, voire de la structure ?
Cependant, il est surprenant de voir qu'un grand nombre de ces critiques ont été victimes de simplifications, voire même d'une « falsification » ou d'un flagrant « travestissement ». La philosophie de Sartre a en effet souvent été réduite à ce que Simone de Beauvoir appelait un « pseudo-sartrisme », tant les commentateurs confondaient conscience et subjectivité. C'est pourquoi cet ouvrage s'efforce avant tout d'analyser la conception sartrienne de la conscience absolue dans ce qu'elle a de plus radical et d'en relever tous les enjeux en rapport aux thèmes types de Sartre, à savoir la « transcendance » de l'Ego, la liberté, l'imaginaire...
Toutefois, si cet ouvrage insiste tant sur l'enjeu central de la conscience pure et nue, et s'il cherche avant tout à suivre les intuitions de Sartre à ce sujet, c'est afin de cerner de manière plus précise une forme d'opacité qui justement contamine les élans mêmes de cette conscience « monstrueuse » et vide. Et c'est aussi dans cette perspective que cette étude cherche à défendre la position sartrienne face à ses critiques, tant elle cherche à dégager une forme de passivité qui, paradoxalement et contrairement à celle qu'avance Merleau-Ponty, n'obscurcit pas et ne limite pas le caractère translucide et infini de la conscience, mais au contraire, semble en être la cause.
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