La littérature de veine régionaliste n'a pas toujours bonne presse, qu'elle soit considérée comme mineure et périphérique, ou comme passéiste, voire conservatrice. Cette assimilation hâtive méconnaît le terreau humaniste et libéral dans lequel le genre du récit villageois a vu le jour dans les années 1840. Afin de mieux saisir le caractère transnational de cette vogue littéraire, nous rassemblons dans ce volume des traductions de récits villageois européens : Ivo, le petit prêtre (1843) de Berthold Auerbach (auteur des célèbres Histoires villageoises de la Forêt-Noire), Le Village (1846) du Russe Dmitri Grigorovitch, et Bára la sauvageonne (1856) de la Tchèque Bo(...)ena N(...)mcová.
La forme modeste du récit villageois est trompeuse : elle masque une ambition sociale et esthétique qui conduit à le lire comme un laboratoire où s'écrit la nation, mais sur un mode critique, ainsi que l'illustre l'exemple fondateur d'Auerbach, écrivain allemand de confession juive, chantre de la Heimat incarnée par le microcosme villageois où s'élabore, entre union et dissensions, une communauté nationale travaillée par le divers.
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