Après avoir erré quelques
années, étudiant férocement
studieux mais aussi très
anarchiste, après avoir
déambulé le long des docks
du port de Glasgow, alors du
dernier stade de la révolution
industrielle, entouré d'une
drôle de musique où les
accents de Rimbaud («Je me
crois en enfer») et de
Hölderlin («Ce que tu veux,
c'est un monde») se mêlaient
aux phrasés grinçants de
L'Opéra de quat'sous de
Bertolt Brecht, je me posais la
question : que faire ? Que faire
de fondamental ? D'abord
pour donner un fondement
et un mouvement à une
existence individuelle, mais
aussi pour tenter de changer
le cours des choses, sur les
plans culturel, civilisationnel
et sociopolitique.
Pendant le XIXe et le XXe siècle on a
cru, malgré tout, que l'Histoire était
synonyme de Progrès. Qu'elle menait
quelque part : à un grand État, au communisme
universel, à un Supermarché du
bonheur. Personne n'a plus confiance
dans l'Histoire. D'où un grand vide existentiel
et culturel. Sans utopisme, sans
réenchantement facile, Kenneth White
entreprend une navigation hauturière
dans un espace de vie et de pensée, qui
a toujours existé au large de l'Histoire.
Les escales de ce voyage sont au nombre
de cinq : une analyse socio-politique de
la fin de la modernité ; une investigation
qui remonte aux origines de la culture ;
l'examen de diverses tentatives de
refondation sociale à travers le monde ;
la question, posée encore trop timidement
par l'écologie, de l'habitation de la
Terre ; et enfin, une critique de la situation
contemporaine de l'art.
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