Qu'elle s'exalte dans la gloire ou se dissolve dans la déchéance, la dignité humaine ne va pas sans une part d'absurde, d'ironie saugrenue, de dérision subsidiaire.
C'est ce que relève Bernanos lorsqu'il affirme que « le ridicule n'est jamais très éloigné du sublime ».
Dans une suite de tableaux aussi tendres que cruels, Michel Jullien décline cette loi en l'appliquant à une galerie de héros des siècles passés. Hommes, femmes, enfants, animaux se débattent sous nos yeux, en plein risible, lorsque vacille leur destin, quand s'interrompt pour eux l'agitation vaine du monde.
Ovide chez les Barbares, Sarah Bernhardt amputée face à Roald Amundsen conquérant du pôle Sud, l'éléphant neurasthénique de Léon X enfermé au Vatican, un condamné devenu appât des sauvages sur la route des Indes, l'athlète Astylos de Crotone voué à l'anathème par ses concitoyens... toute une humanité qui, face à l'adversité du monde - guerre, racisme, ostracisme, exil, maladie - ou en quête de prodiges dérisoires ou admirables, tantôt s'effondre, s'efface ou enchérit, tantôt consent à sa condition.
Michel Jullien a publié en 2009 un récit d'enfance original : Compagnies tactiles. Jean-Pierre Richard a écrit sur ce livre « si attachant » et sensible de très belles pages dans Pêle-mêle.
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