Aux IVe et Ve siècles, l'empire d'Orient et d'Occident a connu d'innombrables incursions, agressions, invasions de « Barbares » qui ont profondément bouleversé la « civilisation romaine » du point de vue culturel, politique, militaire et même religieux. Mais tout cela fut peu de chose comparé à la terreur, aux dégâts matériels et moraux infligés par les Huns. Issus des confins de la Chine, ils s'agrégèrent en Europe orientale - Ukraine, Carpates, régions danubiennes... - à des tribus d'autres origines ethniques qu'eux, des Germaniques, pour constituer une force de frappe terrifiante : ne leur enseignèrent-ils pas à se servir du cheval de guerre et de l'arc à double courbure, véritables armes absolues ?
Attila, leur roi, ne correspondait guère à la calomnie qui a fait de lui une brute doublée d'un analphabète sanguinaire (de l'herbe qui ne repoussait pas après le passage de ses cavaliers à la viande cuite sous la selle tandis qu'il chevauchait) ni à la diabolisation qui a toujours cours aujourd'hui. Ennemi des plus coriaces, il menaça Rome comme Constantinople (les deux pôles de la puissance romaine), Paris, Orléans, Milan, faisant naître contre lui des coalitions inattendues sinon contre nature (celle par exemple du général romain Aetius avec le roi des Wisigoths, « barbare » entre les barbares). En presque deux décennies (v. 434-453), cet homme qui a vécu moins de soixante ans a marqué l'Histoire pour toujours.
Il était bien temps qu'avec l'oeil exercé de l'historien Michel Rouche relise et, au besoin, réinterprète des textes longtemps mal lus et surtout dépourvus des lumières fournies par l'archéologie. L'auteur de Clovis - un grand best-seller d'histoire de ces dernières années - a repris le sujet dans sa totalité. Sous sa plume, l'un des grands conquérants de l'humanité retrouve une vigueur que le mythe avait effacée.
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