Antonin Artaud, André Breton : deux voix clefs de la pensée (du) moderne, deux figures dont l'impact a été fondamental au développement des champs artistiques, littéraires et critiques des XXe et XXIe siècles. Deux voies distinctes : les différends qui les opposaient étaient trop profonds, sinon trop nombreux. Pourtant, leurs trajectoires ne cesseront de se recouper, leurs voix de se répondre, continuant à des années d'intervalle un dialogue commencé au moment de la collaboration d'Artaud au groupe surréaliste. Au coeur de ces échanges, la question religieuse tient une place encore trop souvent négligée. Les écritures d'Artaud et de Breton présentent en effet deux exemples différents mais complémentaires de définition et d'utilisation du concept de sacré. Dans le contexte de désacralisation qui est celui du XXe siècle, comment, en partant de prémices identiques (un constat d'échec et d'inadéquation de la religion), ces deux poètes se confrontent-ils au problème de la signification ? La démarche répond à un désir de «décrasser le sacré», c'est-à-dire de le nettoyer de sa religiosité, mais encore de revivifier mot et concept. Artaud et Breton tenteraient ainsi de renouer avec un sens moderne du sacré qui deviendrait l'un des moteurs de leur poétique.
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