Art et facteurs d'art
Ontologies friables
La place de l'art dans le contexte actuel de la culture rend de plus en plus improbable le postulat philosophique traditionnel selon lequel les arts jouiraient d'un régime ontologiquement séparé les mettant à l'abri des contingences et des intérêts qui caractérisent les autres pratiques humaines. L'autonomie artistique ne doit pas seulement faire face à l'ambiguïté des rapports que l'art a noués avec l'instance publique et le marché ; il lui faut également compter avec des modes de production et de reconnaissance qui excèdent de beaucoup la sphère propre de l'« oeuvre » au sens traditionnel du terme. C'est cet excès qui devrait nous conduire à réintégrer dans l'usage du mot « oeuvre » la diversité des facteurs qui en conditionnent l'émergence, l'efficace et la légitimation dans le champ culturel et social. Ces « facteurs d'art » ont évolué vers des formes de division du travail qui conjuguent une pluralité de rôles que l'ouvrage analyse. On peut se laisser griser par ce qu'offrent ces facteurs d'art. L'ontologie des oeuvres d'art apparaît alors comme le nom d'une fascination qui, sans se donner comme telle, dissocie les objets « finis » sur lesquels elle tend à se fixer, des processus et des conditions auxquels ces objets doivent leur reconnaissance. Le présent ouvrage prend le contre-pied de cette ontologie et de cette fascination en s'efforçant de s'émanciper de la réduction que, souterrainement, elles opèrent.
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