L’État, en la personne de son souverain, a depuis toujours entretenu avec l’art un rapport privilégié. L’histoire de l’art qui traite des artistes et de leurs œuvres et l’histoire qui exalte la gloire du Prince se rencontrent aisément autour des Princes-mécènes qui ont encouragé les arts et honoré les artistes. Mais quand le Prince est devenu l’Etat républicain, depuis 1875 donc, tout devient beaucoup plus complexe. Comment définir un style, juger l’action, ou évaluer le rayonnement d’un « Prince » collectif, anonyme et changeant ? L’État républicain se veut respectueux de la liberté de création (intellectuelle, artistique), des goûts et des opinions de tout un chacun : peut-il avoir une politique de l’art, voire une esthétique qui inspire son mécénat ? Au-delà des simplifications habituelles sur « l’art officiel » et l’oppression des artistes d’avant-garde, Marie-Claude Genet-Delacroix montre que la gestion du patrimoine, la politique éducative en matière d’art, le soutien de la création s’intégrent dans un véritable système des Beaux-Arts qui, loin d’être un supplément d’âme accessoire, joue un rôle capital dans le triomphe et la pérennisation du modèle républicain français, libéral et démocratique.
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