Pendant cinquante ans, une amitié indéfectible nous a liés, lui l'homme d'Etat et moi le journaliste. Depuis 1954, j'étais de tous ses combats, militaires et politiques, mais aussi le témoin de toutes ses blessures intimes, de mari et de père endeuillé. J'étais avec lui quand le peuple d'Israël l'a élu à sa tête, mais aussi son soutien durant sa traversée du désert après la guerre du Liban. Je l'ai accompagné à la Maison-Blanche et à l'Elysée, mais aussi lors de rencontres secrètes avec des interlocuteurs arabes ou dans sa bien-aimée ferme des Sycomores où des tractations officieuses se tenaient dans la salle à manger. Pendant cinquante ans, rares étaient les journées qui passaient sans un coup de fil, un tête-à-tête, une conversation au coeur de l'événement. Jusqu'à cette soirée funeste du 4 janvier 2006, où sa voix s'est tue... Quand le Premier ministre Ariel Sharon a surpris le monde entier en opérant le retrait unilatéral de la bande de Gaza, à l'été 2005, puis en créant un nouveau parti, Kadima, l'idée d'un livre a jailli : il fallait expliquer l'origine du revirement spectaculaire de celui qui, naguère, passait pour l'incendiaire du Proche-Orient. J'ai donc recueilli ses réflexions, ses souvenirs, ses paroles fortes, ses coups de colère aussi - même contre moi. Au fil de nos entretiens se révèlent la pensée et l'action d'un être hors du commun, passionnément épris de la terre d'Israël. C'est pour elle que ce fermier a pris les armes, puis les rênes du pouvoir. Pour elle qu'il a voulu la paix, au prix de sacrifices douloureux. Uri Dan
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