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Dans son livre Après Marx, Jürgen Habermas a voulu reconstruire
le matérialisme historique, afin de fonder une théorie
sociale au XXe siècle. Il a cherché à transformer l'École de Francfort en
une science de son temps. Au lieu d'une telle vision évolutive, consensuelle
et universaliste, l'histoire a réservé des surprises. La crise capitaliste
mondiale, le retour des mouvements, révolutions, espaces publics
oppositionnels, ainsi que la résurgence des obsessions identitaires, sont
des phénomènes qu'Habermas n'a pas prévus. Son modèle d'explication,
qui devait assurer la base post-nationale d'une mondialisation démocratique,
est en miettes. Après Habermas expérimente la même approche que
celle qu'Habermas a appliquée au marxisme, en la poussant au bout.
Le résultat est une renaissance de la Théorie critique initiale, née au
milieu de l'entre-deux-guerres, dans une Europe en plein doute. Dans un
triple saut, Après Habermas rend pensable une issue : comprendre les raisons
des premières critiques du bureaucratico-capitalisme, retisser un dialogue
entre le travail, le faire et l'action, et enfin conceptualiser les espaces
publics oppositionnels. Dans cette lancée, Alexander Neumann pointe les
apports des auteurs historiques, vivants (Oskar Negt, Nancy Fraser, Axel
Honneth) et saisit les correspondances franco-allemandes méconnues des
penseurs français les plus connus (Bourdieu, Castoriadis, Foucault).
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