Du nouveau sur l'abbé Bremond ? L'ouverture aux chercheurs des
archives vaticanes a notamment permis d'accéder aux dossiers de la
mise à l'Index de sa Sainte Chantal, pieuse hagiographie à notre regard
d'aujourd'hui, pourtant condamnée en 1913 - et dont de nombreuses
pages seront reprises telles, quelques années plus tard, dans l'Histoire
littéraire du sentiment religieux en France depuis la fin des guerres de Religion
jusqu'à nos jours ! On reproduit dans le présent volume l'intégralité du
rapport du censeur, l'imposant P. Lémius - ainsi qu'une intéressante
lettre du pape Pie X un peu antérieure, sur la curieuse affaire du
«modernisme littéraire».
Car Henri Bremond a conçu son grand oeuvre - on en est bien conscient
depuis les travaux d'Émile Goichot - dans le contexte de la crise
«moderniste» : conflit entre les intellectuels catholiques réclamant la
liberté de recherche, et le magistère, jugeant leur usage des sciences
historiques en contradiction avec le dogme et porteur de graves
menaces. On s'essaie ici à une mise en situation, qui prenne en compte
les débats philosophiques et théologiques du temps, l'émergence de la
mystique comme objet d'étude «laïque» (la psychologie religieuse en
particulier), la formation de Bremond dans la Compagnie de Jésus et ses
amitiés compromettantes, notamment avec Alfred Loisy.
On insiste, aussi, sur le très vieil attrait de Bremond pour les Lettres
- faut-il dire la tentation ? -, la dimension obstinément littéraire de son
Histoire... et, dans la conception qu'il se fait de la mystique, son
rapport intime, ou du moins son dialogue, avec la poésie.
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