« Apostume », que Jean-Luc Sarré a choisi pour titre des nouvelles pages de ses carnets, appartient à l'ancien vocabulaire médical et désigne « un abcès, une tumeur purulente » (il est encore employé par Giono). Pour le misanthrope contraint d'appartenir au « pitoyable cénacle » de l'hôpital - le jeu sur les mots, l'humour (noir ?) - est un moyen de tenir à distance et d'apprivoiser la réalité. Et si la maladie, la fatigue rendent parfois plus difficile « de glaner quelques bribes de réalité » (« Je n'avais pas vraiment mes yeux », confie-t-il quelque part), cette perte est comme compensée par un surcroît d'alacrité face au spectacle de la comédie humaine. Pas seulement celui de l'hôpital, d'ailleurs, les pages consacrées à un séjour à la plage sont parmi les plus féroces : « Finalement, c'est comme si mon acrimonie m'avait rendu un peu de ce regard dont je m'estimais privé. »
« De cancre à cancer, il n'y avait qu'un pas, je l'avais depuis longtemps présagé. Ce pas franchi, il s'accompagne aujourd'hui d'un indécollable et fâcheux anagramme.
De notules à nodules encore un autre pas.
Apostume (plus familier qu'apostème) est tout aussi charmant, avec son faux air d'apostille posthume. »
Jean-Luc Sarré, Apostumes, 2017
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