
On nous avait récité, à l’âge où l’on croyait les professeurs sur parole, la gloire poétique du XXe siècle comme une litanie : Apollinaire, Aragon, Éluard, Desnos, Prévert. Nous avons fini par en avoir une autre dans l’oreille et dans le cœur : Reverdy, Char, Jouve, Grosjean, Saint-John Perse. De tous ces noms sacrés, le plus grand, le plus limpide, le plus constamment parfait, la plus haute pierre de notre panthéon égoïste, la perle fine et rare de notre couronne, c’est Saint-John Perse.
Mais les autres de la bande tant vantée ? Et d’abord la star Apollinaire, qui semble avoir écrit quelques beaux vers par inadvertance, comme si une autre main que la sienne les avait composés ?
« S’il avait été un homme, il se fût appelé Lemartin. » Le mot est d’Abel Bonnard à propos de Lamartine. Eh ! bien, Apollinaire, c’est la jolie cocotte dont parlait Bonnard. Rien de plus efféminée que la mollesse de son lyrisme intime. Les soupirs du pont Mirabeau, les hallucinations langoureuses, les pâmoisons devant Lou, le bovarysme après la lettre. Avec, il est vrai, et pour être juste, comme chez Rimbaud, quelques feux imprévus, l’étincellement du diamant.
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