La ville, la grande ville surtout, suscite de longue date de vives condamnations. Si la Révolution industrielle fournit encore une inépuisable matière première à la détestation urbaine, Babel ou la Rome décadente avaient déjà longtemps avant participé à la construction d'un imaginaire antiurbain occidental, que les plumes talentueuses de Rousseau, Spengler, Thoreau ont contribué à propager. Alors que la majorité de la population habite désormais dans les villes, les projections sur un avenir urbain radieux demeurent l'exception. Le catastrophisme semble particulièrement de rigueur dans les médias pour les villes des pays en développement: Lagos a aujourd'hui pris la place du Londres de Dickens comme incarnation du destin funeste promis aux trop grandes concentrations humaines. Pourtant, rares sont les recherches consacrées à l'urbaphobie et encore plus rares sont celles qui ont tenté d'aller au fond des origines, des contenus et de la portée de la pensée urbaphobe. Cet ouvrage tente ainsi un exercice original et important à travers des textes qui dévoilent l'ampleur de la pensée et des effets de l'urbaphobie dans différents contextes nationaux. Il offre au lecteur une somme de références dont l'ambition est de convaincre des enjeux scientifiques, économiques et sociaux de ce phénomène encore peu considéré dans la réflexion et la pratique urbaine.
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