Antigone nous parlerait de la résistance courageuse d'une jeune fille contre la machine broyeuse de l'État, incarné par Créon. Il défendrait les valeurs de la cité, elle défendrait les valeurs de la religion. Antigone est sympathique parce qu'elle aurait le courage de se révolter, Créon est antipathique parce qu'il aurait le pouvoir d'État.
Mais on peut inverser les sympathies : Antigone est une intégriste, une fanatique de la religion des morts, à qui sa naissance souillée - elle est née d'un inceste - interdit tout avenir. Face à elle, un Créon nationaliste, un militaire à poigne, veut imposer un État « laïque ».
L'histoire permet surtout à deux grandes voix de s'affronter musicalement. L'une en chantant son propre deuil de jeune fille n'ayant jamais eu d'enfant, l'autre le suicide de son fils et de sa femme, morts par sa faute. Lequel est le plus malheureux ? Lequel des deux entraînera le Choeur dans son chant et sa douleur ? Tel est peut-être l'enjeu d'une tragédie qui est d'abord, comme toute tragédie, une suite de choeurs offerts à Dionysos.
La traduction de Florence Dupont est philologiquement exacte et d'une limpidité parfaite. Plus rien de ce côté fumeux qui caractérise trop de traductions classiques.
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