On ne naît pas criminel, on peut le devenir...
Il existe bien des choses prodigieuses, mais rien n'est plus
prodigieux que l'homme, nous dit Sophocle. Prodigieux, c'est-à-dire
tout à la fois merveilleux et monstrueux. L'homme est tel parce que
rien de ce qu'il fait ne peut être attribué à un don «naturel». De
fait, isolé, abandonné à lui-même, l'individu humain est incapable
d'actualiser les fantastiques potentialités qu'il recèle. L'homme
est animal politique : c'est la société, à travers les croyances et les
modes de conduite institués par la collectivité, qui lui insuffle les
ingrédients nécessaires à son édification.
Cette puissance créatrice qui l'habite détermine chez l'homme
une réalité double : le faisant marcher tantôt vers le bien, tantôt vers
le mal. Vers le bien quand il parvient à faire lien avec les mythologies
collectives et les lois de sa cité. Mais si, au contraire, hanté par la
démesure, il se trouve hors des réseaux de «bonne» socialisation,
il tend vers l'anomie... Ainsi, une question essentielle de la vie
en société est l'autolimitation de l'individu et de la communauté
politique à travers l'imposition collective de la loi.
Telles sont les prémisses à partir desquelles l'anthropologue,
s'attachant à décrypter les faits et les dits des hommes, est conduit
à fonder sa recherche. L'anthropologie criminelle, science de
synthèse, s'efforce de réunir dans une vision globale - prenant en
compte l'économie générale qui régit les comportements humains
- l'étude des divers aspects constitutifs du phénomène criminel.
Tel est l'esprit, fondamentalement transdisciplinaire, qui a présidé à
cette Anthropologie du crime.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.