À Salvador de Bahia, au Brésil, le carnaval rassemble,
pendant cinq jours et cinq nuits, un million de personnes
dans les rues. Dans ce qu'on appelle au Brésil «la guerre
des carnavals», celui de Bahia concurrence désormais le
carnaval de Rio en popularité et participation. L'histoire
de ce succès a commencé avec son «africanisation», née
au milieu des années soixante-dix dans les quartiers noirs
et déshérités de la ville. Cette Anthropologie du carnaval
en fait la chronique en privilégiant trois thèmes :
la ville - deux millions d'habitants, «Rome noire» et
ville métisse, exotique, inégalitaire et parfois raciste -,
la fête - situation liminaire dans laquelle des exercices
rituels peuvent être imaginés sans entrave - et l'Afrique
- vaste creuset, culturellement métis, d'une nouvelle
identité noire brésilienne.
Tout en s'appuyant sur des données ethnographiques
inédites, les analyses dépassent largement le cas brésilien
et abordent des questions que l'on retrouve en bien des
points de la planète : les fondements des mouvements
identitaires et leurs excès ; les sources et les procédés de
l'invention culturelle ; les sens, multiples et
contradictoires, du métissage. Elles s'interrogent, enfin,
sur la place du rite dans nos sociétés urbaines et
contemporaines : tous les ans dans la rue, des milliers de
parades et mascarades inventent d'autres mondes et
créent, pour un instant, d'autres identités.
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