Coincée entre la « télévision des maîtres d’école » et la télévision commerciale, la télévision des années 70 a bénéficié de peu d’intérêt de la part des chercheurs. Pourtant cette décennie est le théâtre de nombreuses transformations : la création d’une nouvelle chaîne, fondée sur l’idée de régionalisation, l’introduction de la publicité de marque, l’éclatement de l’ORTF. Si chacun de ces événements a parfois retenu l’intérêt des historiens, on s’est peu préoccupé de leurs incidences sur les programmes et la programmation. Ces nouvelles chaînes qui accèdent à leur autonomie sont traversées par deux forces antagoniques : l’une, qui relève encore de l’enthousiasme d’hommes de télévision cherchant à doter ce média de toutes ses possibilités expressives, à mettre la télévision en jeu par l’invention de toutes sortes de dispositifs d’émissions ; l’autre, qu’incarnent ceux qui ont compris que la logique économique de la concurrence imposait de penser les programmes dans une grille, et qui utiliseront les divertissements pour coller à la temporalité du spectateur. Cette relation au temps est peut-être la mutation la plus profonde qui s’accomplit alors devant les téléspectateurs des seventies : de la valorisation intemporelle du patrimoine, qui guidait la télévision des années 60, on passe à l’ère de l’information culturelle, bientôt à celle de la promotion. De plus en plus ancrée dans l’actualité, la télévision abandonne peu à peu tout ce qui pouvait encore appartenir à l’aléa de l’expérimentation pour se conformer à des formats internationaux dictés par les industries culturelles.
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