Songez, quand vous découvrirez ou retrouverez le Cambodge
des temples, Angkor-Vat, le Bayon, le Bapuon,
Banteay Srei, Prah Khan... que l'immense cité des rois
khmer fut reconstruite pierre à pierre par les hommes de
l'École française d'Extrême-Orient à partir des années 1900.
En 1901, Pierre Loti s'assoupit à l'ombre des géants du
Râmâyana, pendant que Charles Carpeaux, le fils du
sculpteur, se débat avec les tentacules des banians qui
emprisonnent les tours à visage du Bayon. Paul Claudel,
lui, croit rencontrer à Angkor-Vat Satan personnifié.
Quant à André Malraux, il vient à Angkor en 1923 pour
dérober, à Banteay Srei, plusieurs déesses sculptées en
bas-relief. De nouveaux documents, retracent l'équipée
de l'écrivain au Cambodge. Outre celle de Malraux, c'est
l'aventure des Conservateurs d'Angkor qui est contée
dans ce livre : fallait-il être assez fou, au début du siècle,
pour accepter de vivre dans la jungle et l'humidité afin
d'exhumer des vestiges dont personne ou presque ne se
souciait ? Certains, tel Henri Marchal, ont la grâce d'être
élus khmer parmi les Khmers, d'autres disparaissent tragiquement.
Quant au dernier Conservateur, Bernard-Philippe
Groslier, il poursuit la reconstruction de ses
monuments sous les tirs de roquettes
et les bombes au napalm durant la
guerre civile qui embrase le Cambodge
de 1970 à 1975. Tous, en dépit des
guerres et des avatars de la décolonisation,
restèrent fascinés par la majesté
des monuments qu'ils arrachaient à
l'emprise de la forêt : chaque jour, ils
côtoyaient les dieux.
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