André Bruyère (1912-1998) fut un architecte singulier. Par les douloureux méandres de sa biographie. Par sa formation chez Auguste Perret qui ne déposa guère de traces dans son travail, ce qui en fait à certains égards une sorte d'autodidacte, nourri par la proximité d'Émile Aillaud et du milieu de la mode. Par son ton aussi, sa causticité, sa façon d'être une manière de poète, d'homme de lettres, de rebelle en marge de sa profession. Par son écriture surtout, son esthétique acquise au fil des années, son architecture personnelle et très identifiable : mélange de justesse d'approche, d'intuition ergonomique, de goût profane pour le sacré et la magie. Mélange de préciosité aussi, de sensualité et d'élégance formelle. Une élégance construite et maintenue malgré les traumatismes de la vie, malgré la cruauté qui fut celle de son siècle.
Son oeuvre est rare : hôtelière (La Caravelle en Guadeloupe), hospitalière (un centre pour les déportés et prisonniers de guerre à Fleury-Mérogis, un pavillon pour le grand âge à Ivry-sur-Seine), un bel ensemble de logements (à Sausset-les-Pins), quelques maisons dont la sienne dans les Alpilles et un projet de gratte-ciel en forme d'oeuf qu'il promena du plateau Beaubourg à Manhattan puis à Marseille, aux abords du fort Saint-Jean. Elle est souple et tendre.
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