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Intense circulation, sur son compte, de clichés — l’inévitable « pape » ! — et d’idées fausses : le procureur solennel, insensible, sans humour... Tout cela lui a composé un masque marmoréen, mieux fait pour inspirer le respect, dirait-on, que d’autres sentiments. On ferait fausse route : il a suscité des attachements passionnés, éveillé une fascination qui ne semble pas près de s’éteindre, trente ans après sa mort. Avec des divergences, bien entendu : certains lui prêtent une autorité quasi paternelle, parfois écrasante, d’autres l’ont perçu comme un « antipère », quelques-uns ont laissé leur admiration tourner à la haine. Le sûr est qu’il ne fit jamais naître des sentiments tièdes. Ce rayonnement indéniable, identifié à celui du surréalisme, il a su l’étendre aux dimensions de la planète. À la fois mainteneur de ses postulats initiaux — la liberté, l’amour, la poésie — et inlassable découvreur de routes nouvelles. Qu’il ait été un théoricien et un animateur hors pair, cela n’aurait pas suffi à justifier une influence posthume qui reste considérable. On oublie facilement qu’il fut aussi, et avant tout, un créateur, un poète, celui qui transfigure le quotidien le plus banal. On l’oublie parce qu’il refusait de se donner un personnage d’écrivain, et mettait plutôt l’accent sur son rôle d’« entraîneur ». Il écrivait, disait-il, pour rencontrer d’autres hommes, et cette soif des rencontres résume toute sa vie. Une phrase de l’un de ses compagnons en surréalisme, Jehan Mayoux, fournit peut-être la clé d’un magnétisme inépuisable : « Jusqu’à son dernier jour il fut celui près de qui on se sentait tenu d’être davantage soi-même. »