Le pacte civil de solidarité (Pacs) est partout présenté comme l'une des grandes réformes sociales de la gauche française. La loi du 15 novembre 1999 a été adoptée à l'arraché après beaucoup d'incertitudes gouvernementales, de guerres d'experts, de mobilisations sociales, et après un marathon parlementaire très conflictuel. Avec deux ans de recul, la victoire finale est-elle aussi éclatante ? L'un de ses enjeux fondamentaux était la place que la société accorde à l'homosexualité. Certes, depuis vingt ans, nous sommes entrés dans l'ère de la tolérance que l'épidémie du sida a mêlée de compassion solidaire. Mais dès qu'il s'agit d'aller au-delà et de raisonner en termes d'égalité de droits ou en termes de respect des différences dans les orientations sexuelles, force est de constater que l'homosexualité retrouve une partie de sa marginalité. Dans cet ouvrage, Daniel Borrillo et Pierre Lascoumes montrent que, malgré l'adoption du Pacs, l'homophobie demeure une composante forte de nos sociétés qui, pour démocratiques qu'elles prétendent être, se révèlent en réalité incapables de se penser hors de la norme hétérosexuelle. Retraçant les grandes lignes de la controverse qui a conduit de la revendication d'un partenariat pour les concubins jusqu'au Pacs, ils s'attachent à montrer comment la gauche a finalement contourné l'une de ses valeurs cardinales, l'égalité : si la droite politique assume souvent une homophobie explicite, la gauche est " hétérosexiste " par sa croyance dans une hiérarchie des sexualités qui met l'homosexualité dans une place subordonnée. Les auteurs montrent comment homophobie et hétérosexisme se sont alors associés pour refuser de reconnaître l'existence d'un véritable pluralisme des orientations sexuelles justifiant une égalité réelle dans l'exercice de la citoyenneté, et pour cantonner l'homosexualité dans une place mineure.
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