«Écrire, voyage de l'âme.» Les lieux sont l'alphabet de François Graveline, ils lui parlent. D'abord ses montagnes d'enfance, fondatrices de son imaginaire. Mais «elles auraient fini par boucher mon horizon mental si le département de l'Allier, avec son grand ciel épargné, ne s'était chargé de faire table rase de ce que je pensais intangible. C'est à un regard autre, à une conscience plus fine que ce territoire nous convie, à quelque chose d'épanoui.»
En voisin, en ami, en liberté, François Graveline arpente ce bout de France. Et il le révèle en même temps qu'une vision du monde. Des dessous de Chantelle aux cris des grillons rivalisant du côté de Saint-Pourçain avec le grésillement des lignes à haute tension. De Commentry la rouge à Moulins «qui broie du noir ou extrait la douce mouture des heures heureuses». De Vichy la chic à Montluçon qui hésite entre Pierre, Paul ou Jacques.
Du Leclerc d'Avermes à la petite église romane de Sauvagny «au bout d'un chemin, tout au bout d'un jour»...
Ce n'est pas le Bourbonnais des dépliants, qui n'existe plus. «Il n'y a plus de paysans, seulement des agriculteurs. L'ère industrielle aura duré moins que le duché. Les idéologies se sont vidées de leur substance et le département de sa population. Le XXe siècle est passé, ici et partout, plus vaste et profond qu'un océan.»
No future, disent les jeunes, qui s'en vont. François Graveline reste. Le voici au puy Saint-Ambroise, aux Hurlevents, sur la colline de Sainte-Agathe, où lui revient cette devise des ducs, «Allen», «Tous ensemble», promesse de «l'or d'une humanité enfin réconciliée avec elle-même. Les ducs l'ont rêvé, les communistes aussi. Ce rêve, qui le fera vivre aujourd'hui?» Peut-être ce texte sur l'Allier, petit frère de celui que Larbaud donna au Bourbonnais, Allen.
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