Censuré à Amman, à Damas, au Caire, refusé à la publication à Paris, à Londres, à Madrid, ce roman suggère une vision novatrice de la question israélo-palestinienne à travers un ambitieux métissage de styles expressifs et narratifs, qui entremêle genres littéraires et cultures, dans un mélange osé, donc qui dérange.
Ali et Rémi est la parfaite expression de ce mélange, qui s'exerce tant sur la forme que sur le contenu. Les frontières entre rêve et réalité sont ici franchies. Il n'y a plus de démarcation entre passé, présent et avenir. Il n'y a plus de barrières entre les personnages, inventés ou réels, morts ou vivants. Et le récit compose une superposition de plusieurs sphères qui en structurent l'espace. Toute cette complexité repose sur l'histoire de deux personnages métaphoriques - l'un juif français, l'autre arabe palestinien -, qui sont en réalité un seul et unique personnage, amalgame des deux, double «je» projeté dans des atmosphères nouvelles, inconnues jusqu'à présent. Paris, ville réelle ou imaginaire, est le théâtre de l'action. Et pour reconsidérer le passé et imaginer le futur, l'auteur a recours aux figures emblématiques de l'expérience humaine, tels Avicenne, Dostoïcvski, Stendhal ou Barthes. Borges prédit l'avenir, Marx fait son autocritique, Hugo se transforme en statue...
Apôtre du réalisme magique, Afnan El Qasem porte à un degré très élevé le fantastique et le dramatique, très fortement présents dans ce roman, ouvrant ainsi un très vaste champ de réflexion, et dans l'optique d'engager l'humanité à reconquérir son droit à vivre sa beauté et sa liberté.
De ce point de vue, il s'agit là d'un roman qui jette un regard très profond non seulement sur ses personnages, Ali et Rémi, mais aussi sur l'homme, tout simplement.
Le tuer ou me laisser tuer par lui
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