Une traversée verticale du siècle
Grande figure de la vie politique martiniquaise depuis bientôt quatre décennies. Alfred Marie-Jeanne ne s'est jamais vu consacrer aucun livre et le parti qu'il a fondé, le MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais), est, lui aussi, très peu étudié par les politologues, sociologues et autres spécialistes des sciences humaines et sociales. Pourtant, tous deux, A. Marie-Jeanne, affectueusement désigné sous le petit nom de « Chaben », par les Martiniquais, et son parti, ont joué un rôle considérable dans l'évolution socio-politique de la Martinique dans le dernier tiers du XXe siècle et en ce début du XXIe. Ils sont incontournables pour qui cherche à comprendre les aspirations politiques des Martiniquais, aspirations que l'on peut étudier à travers leurs votes aux différentes élections locales et « nationales ». Après plus de vingt ans d'isolement en tant que maire dans son fief de Rivière-Pilote, Marie-Jeanne a su s'imposer avec maestria sur la scène politique martiniquaise, devenant deux fois président du Conseil régional et député (d'abord du Sud, puis du Centre-Atlantique).
Décrypter la figure de Marie-Jeanne n'est pas un exercice facile tant son parti et lui ont fonctionné dans l'oralité, privilégiant le contact direct avec le peuple en lieu et place de manifestes politiques fièrement affichés à travers des livres. De plus, homme secret, discret, réservé, voire cassant aux yeux de ses adversaires, le leader du MIM s'est rarement livré sur sa vie personnelle, tout entier habité qu'il a été (et est encore) par la cause de sa vie : l'indépendance de son île. On ne peut donc que s'appuyer sur ses nombreuses interventions à l'Assemblée nationale française pour tenter de déchiffrer son exceptionnel parcours.
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