En 1847, Alexandre Dumas donne une fête «énorme» au château de Monte-Cristo qu'il vient de faire construire à grands frais aux environs de Paris - pour le revendre quelques mois après sous la pression de ses créanciers.
Toute sa vie, toute son oeuvre sont là: débordant de joie de vivre mais profondément mélancolique, bon vivant mais ascète de la plume, c'est un torrent, c'est une «force qui va» sans jamais s'arrêter à rien, de roman en roman, de maîtresse en maîtresse. Mais toujours fidèle à son génie et à ses amis, dans une prodigalité du coeur et de la plume qui lui font écrire cinq livres en même temps afin de secourir ceux qui, comme Gérard de Nerval (dont il est le premier à comprendre l'oeuvre), ont été atteints par une vie qu'il ne cesse, lui, de croquer à belles dents.
Ami de Hugo et de Balzac, il est avec ceux-ci du trio d'écrivains qui domine tout le XIXe siècle français: de la littérature fantastique à l'histoire recomposée, des récits de voyage à un théâtre hyperbolique, des recettes de cuisine à la réflexion sur le pouvoir, la providence et Dieu, il a touché à tout, il a parlé de tout, il a réfléchi à tout entre deux repas, deux alcôves et deux fiacres.
Portrait en pied, enlevé, rieur et grave comme il l'était lui-même, d'un géant des lettres dont nous ne cessons de redécouvrir la grandeur et la modernité.
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