«Moi, fils du Lys, naufragé de l'Atlantide et banni des dieux, par pauvres mots de mémoire, bribes de babil et bouche dans le masque, il me faut ici, sous la brume, sur les glaces, refonder la cité engloutie, aux berges du Grand Erg où tout a commencé, s'est effacé: Aldjezar...»
A réalité défaillante, mémoire vaillante: le narrateur de ce récit, appelant à la rescousse de lointains souvenirs, tendres et drôles, dramatiques parfois, mais toujours distancés par une volonté ironique-onirique?-, recompose en la magnifiant la cité portuaire de ses premiers pas d'homme. La singularité de la démarche tient à cette appréhension d'un univers entre deux mondes: est-il Français ou indigène, celui qui parle et tisse tous ces liens que l'Histoire avec sa grande hache jamais ne pourra rompre? Indifférente à ce questionnement d'une identité qui cherche moins à se définir qu'à accepter son éclatement ou sa diversité, la ville d'Alger, sur les hauteurs mythiques où elle se complaît, voit s'agiter son vieux barde: elle sait qu'elle lui survivra, et lui sait qu'en fin de compte, dans son amour, il aura servi sa beauté.
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