Au XXe siècle, le libéralisme a fait l'objet de deux vagues de critiques successives
: le communisme et le fascisme. Dans les années trente, prises en étau
par ces deux menaces, les démocraties libérales semblaient condamnées à
brève échéance. Lors de la Seconde Guerre mondiale, l'alliance des libéraux
et des communistes a triomphé du fascisme. Ensuite, les adversaires de la
propriété privée ont perdu la Guerre froide. Le libéralisme reste aujourd'hui
seul en lice. Les conflits du XXe siècle ont prouvé que le régime qu'on dénonçait
en son début comme le plus faible s'est avéré le plus fort. Mais les questions
soulevées par fascistes et communistes demeurent. «Quelle place le
libéralisme accorde-t-il à la grandeur, à la beauté ?», demandent les uns. «Quelle
place pour la justice ?», demandent les autres. Ces points d'interrogation
résonnent encore. Sous le consensus apparent, un travail de sape
s'opère. En 1945 et en 1989, le libéralisme n'aurait-il vaincu que par défaut ?
Les corps sont satisfaits, car le confort et la sécurité règnent en maîtres. L'âme
est inquiète.
Membre du Parti Communiste de Grande-Bretagne à la fin des années
quarante, militant de la Nouvelle Gauche dix ans plus tard, trotskiste dans la
première moitié des années soixante, Maclntyre a émigré aux États-Unis en
1969, où il a renoncé à tout engagement politique. D'abord influencé par le
jeune Marx et par le second Wittgenstein, il se tourne vers Aristote au début
des années soixante-dix. À chacune de ces étapes contrastées, Maclntyre a
placé au coeur de sa réflexion ce que le libéralisme tient aux marges de la
politique : l'âme, la communauté et la vérité. Une constante se dégage ainsi,
sous le chaos apparent. Maclntyre entend établir qu'en l'absence d'une véritable
spiritualité libérale, on ne saurait accorder au libéralisme la haute main
sur tous les aspects de l'existence sans nous mutiler, nous priver de buts ou
de finalités.
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