Du plus loin que je me souvienne, j’ai aimé la musique de Chopin. Aussi quand on aime Chopin, et peut-être parce qu’on aime Chopin, il est difficile d’en parler. Le désespoir du créateur, Chopin l’a connu. Quel doit être alors le désespoir de celui qui essaie d’écrire sur lui et sur ses œuvres, quand il n’a que les pauvres mots à sa disposition ! J’ai bien souvent, je l’avoue, manqué de confiance en moi et dans le seul langage auquel je pouvais avoir recours. Je suis persuadé, comme Félix Mendelssohn, qu’« une œuvre musicale exprime une pensée non pas trop vague, mais trop précise pour être traduite par des mots ».
Valse de l’adieu, Prélude de la goutte d’eau, Étude révolutionnaire... Ces titres font un peu partie de ma vie intérieure et j’ai décidé de les reprendre comme autant de jalons dans cette traversée de la vie et de l’œuvre de Chopin. Il a pris lui-même ses distances à l’égard de ce type de titres, mais il n’a pas renoncé, sous une forme plus discrète, au pouvoir de suggestion des mots... Il n’est plus besoin de lutter aujourd’hui pour imposer Chopin. Peu de compositeurs jouissent d’un prestige aussi universel. Mais il n’est pas interdit de vouloir le faire aimer ou mieux aimer encore. C’est la seule intention de ce livre.
Pierre Brunel
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