Lorsqu'un conflit armé éclate, il est courant de voir l'aide au développement céder la place aux « humanitaires ». L'aide au développement doit-elle quitter les régions soumises à de telles turbulences, ou accompagner ses partenaires en situation de crise ? L'expérience de l'Organisation d'appui à l'autopromotion (OAP) permet d'aborder le problème à partir d'un exemple concret. Créée au Burundi avant le début de douze années de guerre civile, cette organisation de développement a continué à soutenir les populations sinistrées tout en étant confrontée à de nombreuses questions relatives aux motivations et aux moyens de son action.
Dans des situations d'instabilité chronique, avec des conflits qui se déplacent sur le territoire, l'OAP a choisi de ne pas attendre la fin de la crise pour aider les acteurs à relancer des activités économiques. Elle a aussi choisi de ne pas sacrifier une génération privée d'école, faute d'avoir reconstruit des infrastructures susceptibles d'être détruites dès le prochain regain de violence. Son expérience conduit les auteurs à proposer, dans de telles situations, d'articuler l'aide d'urgence, la relance d'activités génératrices de revenus, la reconstruction et le renforcement d'organisations locales résilientes. Mais comment combiner ces actions, souvent mises en oeuvre avec des logiques différentes, pour les rendre complémentaires ?
Ce livre propose des éléments de réponse à cette question qui n'a rien de rhétorique : elle s'est posée aux auteurs à partir du vécu de l'OAP, d'abord d'une façon totalement imprévue, puis lors de chaque intervention sur le terrain.
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