Dans les années soixante, pour la première fois, la jeunesse s'est
pensée comme un groupe à part. Elle s'est forgé une identité sociale,
avec ses valeurs et ses règles de vie. Elle s'est également construit
une identité culturelle en s'inventant des signes extérieurs distinctifs
à travers une mode vestimentaire, une musique, un langage. Ces
jeunes du baby boom, exceptionnellement nombreux, arrivent dans
un monde en plein bouleversement auquel ils entendent bien participer.
Les pouvoirs publics, les médias, les chercheurs les découvrent
alors, et leur consacrent rapports publics, sondages, articles, émissions
radiophoniques et télévisuelles.
Ce sont ces documents qu'Anne-Marie Sohn a revisités et, en premier
lieu, les lettres adressées à Menie Grégoire et l'enquête lancée en
1966 par François Missoffe, alors ministre de la Jeunesse et des
Sports. Ces sources de nature très différente, les unes officielles et
politiques, les autres confidentielles et privées, permettent désormais
à l'historien d'accéder à la parole des jeunes.
La jeunesse s'y révèle plurielle, opposant filles et garçons, avant-gardes
et traditionalistes, «blousons bleus» et «fils à papa»...
Mais l'expérience est commune : celle d'une liberté sans précédent
qui transforme le conflit des générations en «problème de société».
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