Peut-on opposer efficacement à la scène d'un monde qui part à vau-l'eau l'ordre d'un monde de la scène? Le narrateur de cette histoire y a cru. Répondant à la commande officielle d'une pièce de théâtre, il avait pourtant mis tous les atouts de son côté. De grands thèmes : l'utopie sociale, la création littéraire et artistique, le bonheur, le sexe, la mort; pour personnages, deux fortes figures : Fourier et Courbet; un metteur en scène aguerri, ami de Genet, ancien aumônier en Algérie, qui fut donc formé aux plus rigoureux des spectacles: la messe, la guerre. Rien n'y fait. Ainsi, à Besançon, Doubs, nous assistons, impuissants, terrifiés, amusés, au spectacle d'un monde en train de sombrer.
En vérité, la vie - c'est une des leçons de ce livre - ressemble plus au roman qu'au théâtre. Dans le roman, comme dans la vie, c'est le petit rien qui déclenche tout: ici, l'achat d'une moto, un nouveau panama, la mort d'un père, la perte d'une vésicule, un séjour à l'hôpital... Tout s'enchaîne, des figurants défilent, certains connus:
Genet, Lacan, Aragon, le spectacle se détériore et, pourtant, dans le même temps, le réel est magnifié. Par le miracle de quelle grâce? La réponse est dans un tableau de Courbet: L'Origine du monde. Oui, par elles, perpétuellement dénudées, le monde est perpétuellement transfiguré. Autant d'adorations que de femmes. Ce livre n'est rien de plus que l'hymne enjoué qui leur est dû.
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