Les livres de Pierre Magnan ont en commun une langue savoureuse, faite
d'un beau français habilement manié et enrichi d'un mélange subtil de
mots provençaux et régionaux qui, à leur seule lecture, réussissent à
embaumer son oeuvre du parfum des collines de haute Provence. Mais
la «langue» de Pierre Magnan n'est pas une langue inventée seulement
pour faire couleur locale. Elle est pétrie de vocables, de tournures ou
d'expressions dont tout le monde se servait à l'époque, dont on se sert
encore parfois, et qui ancrent résolument cette oeuvre dans ces basses Alpes
aux paysages superbes mais ô combien arides, peuplées de personnages
aussi rudes que leur terre. Ces mots ont aussi une longue histoire, ils sont
héritiers et témoins de tout un pan de culture qui s'est tissée au fil des
siècles, et qu'il eût été - en Provence comme partout ailleurs - judicieux
de savoir conserver pour que notre français vivant, celui que l'on parle
au quotidien, garde, outre sa saveur, toute sa richesse et sa diversité.
En voici une belle brassée de quelques centaines, expliqués, remis en
contexte et qui évoqueront pour le lecteur assidu de cet écrivain
manosquin, telle ou telle page lue. Qui rappelleront aux gens d'ici des
termes parfois oubliés et qui apprendront à ceux d'ailleurs ce que ces
façons de parler veulent dire.
«C'était, universelle et me parlant de tout, l'odeur du pebre d'ai.
Le pebre d'ai, le pebre d'ase, le poivre d'âne, la sarriette des Français,
c'est le parfum omniprésent qui flotte sur ma mémoire.»
Pierre Magnan, Périple d'un cachalot.
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