«Ce que je cherche à exprimer dans mes livres ? C'est l'inquiétude de l'incarnation de l'esprit inclus dans le corps de l'aventure humaine. Quelle est la destinée de l'homme ? Quelle est la raison profonde de ses actes quotidiens ? Je donne les réponses que j'ai trouvées...»
A comme Abraxas, A comme Abraham. A comme Abracadabra, ce premier roman (qui n'en est pas un) amorça en 1938 la série torrentielle d'une bonne centaine d'ouvrages remarquables : pièces, romans, essais, documents, recueils de poèmes, critiques, scenarii, traductions, adaptations, entretiens et enregistrements qui constituent le legs de Jacques Audiberti. Abraxas - signifiant Dieu en persan - est un mot auquel on prêta, comme à Abracadabra, des vertus magiques.
Etymologiquement - et hébraïquement parlant - ab signifie père, ruah esprit et dahar parole. Père, esprit, parole, les trois éléments de la Trinité.
Abraxas est un livre étonnant par sa profusion épique, par l'imbroglio des aventures et des personnages qui y surgissent, des côtes de l'Adriatique à celles du Portugal. Mais c'est d'abord un livre mystique proclamant par la voix de ses prophètes «la grande écorchure et la tragique impuissance de l'univers à passer par d'autres chemins que ceux de l'échec et de la douleur».
Audiberti, capable de tout inventer sauf le mal, est trop sensible et humain pour accepter la souffrance comme un simple ressort dramatique : «le mal couve (le mal court) partout, et partout triomphe. Faut-il le combattre ou l'admettre et, finalement, l'abolir en consacrant sa primauté ?»
A cette question angoissante, Audiberti ne trouve d'autre réponse que la générosité et l'amour.
André Deslandes
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.